Histoire
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Entrez dans l’intimité d’un grand homme politique : Georges Clemenceau (1841-1929). À Saint-Vincent-sur-Jard, en Vendée, découvrez la maison et les jardins où Clemenceau venait passer ses vacances au printemps et en été entre 1920 et 1929.
C’est en 1919 (le 5 décembre) que Georges Clemenceau loue cette modeste maison typique vendéenne à Saint-Vincent-sur-Jard. Il s’y installe en août 1920 et l’appelle alors son « château horizontal » ou sa « bicoque ».
Le propriétaire de cette maison, le commandant Amédée Luce de Trémont souhaite céder gratuitement la maison à Georges Clemenceau. Ce dernier refusant, un bail est fixé à 150 francs par an, somme qui est distribuée aux pauvres de la commune.
Cette maison de vacances est une simple longère située sur une dune, face à l'océan. Georges Clemenceau veut un jardin de fleurs. Il va alors créer ce jardin atypique et sauvage. « Je vis parmi les fleurs, mais avec la mer comme fond de tableau. »
C’est dans cette maison et face à l’océan qu’il reprend la plume pour écrire ses dernières œuvres, en admirant la mer. « Elle est blanche, elle est verte, quel beau temps ! Elle roule, elle écume, elle colère ! »
À son décès en 1929, l’ameublement de la maison est légèrement modifié par les trois enfants de Georges Clemenceau, et adapté pour en faire un lieu de mémoire par l’ajout dans les pièces de souvenirs, d’objets et de photographies.
L’État se porte acquéreur de la maison et des terrains environnants en 1931 et en 1932. Depuis 1970, le site est classé monument historique.
Remplie de souvenirs, notamment des voyages de Georges Clemenceau ainsi qu’une collection d’arts asiatiques, cette maison pleine de charme et de simplicité est restée dans l’état exact où elle se trouvait à la mort du « Tigre » en 1929.
Elle a reçu le label « Maison des illustres ».
Pour mieux vous accueillir, et pour une meilleure conservation, de nombreux meubles ont été déplacés au fil des années, tout en respectant les aménagements voulus par Georges Clemenceau.
En s’installant à Belébat, Georges Clemenceau ne renonce pas pour autant à son confort parisien ! Il apporte alors quelques modifications dans la maison. Il fait ajouter une extension avec un salon d’été et un kiosque, ainsi qu'un garage ! Il fait installer également l’eau courante, des toilettes, une sonnette pour appeler les domestiques et l’électricité en 1926.
C’est dans cette pièce que Georges Clemenceau reçoit ses hôtes dans la plus grande simplicité. À table, tous les invités ont vue sur le paysage et la mer !
Clotilde Benoni, la cuisinière, sert aux hôtes les gibiers rapportés par Albert Boulin, le valet de chambre.
Le logement des domestiques et le garage sont accolés à la cuisine. Dans ce garage, Clemenceau fait entrer la Rolls-Royce, cadeau qu’il a reçu d’un de ses admirateurs en 1920.
Dans les premiers temps de son arrivée à Belébat, une ânesse permet de remonter la dune jusqu’à la maison pour apporter les bagages. Les domestiques partagent le quotidien du « Tigre », qui aime d’ailleurs les accompagner sur le marché à la rencontre des habitants.
Le couloir-bibliothèque mène de la chambre à la cuisine tout en desservant les chambres d’amis.
Dans cette bibliothèque, Georges Clemenceau range les ouvrages qui sont nécessaires à ses travaux d’écriture ou de réflexion, soit environ 1 500 livres ! Des ouvrages sur les civilisations orientales, des ouvrages philosophiques, historiques, littéraires...
Certains sont même dédicacés par les personnes les lui ayant offerts, ou annotés par Clemenceau lui-même.
Les chambres d’amis sont réservées aux proches, aux amis et aux plus chers visiteurs.
Comme dans le reste de la maison, elles offrent toutes une vue sur le jardin et sur la mer. Le modeste mobilier en pitchpin est composé de commodes, de toilettes de cabine et de miroirs. Les porte-bouquets et les vases sont toujours garnis de fleurs du jardin.
Claude Monet et sa belle-fille Blanche Hoschedé, ou encore Marguerite Baldensperger, amie et confidente, y ont séjourné.
La chambre de Clemenceau est à la fois un lieu de méditation et un lieu de travail.
De nombreux objets rappellent ses voyages en Égypte et au Soudan : des têtes d’antilopes, une tête de crocodile, un bouclier et des sagaies.
La chambre possède un mobilier en pitchpin très sobre en contraste avec celui du salon d’été. Des toilettes privées jouxtent sa chambre.
Sa table de travail est l’élément principal de la pièce. Georges Clemenceau passe des heures à écrire dans son fauteuil d’osier, face au jardin et à la mer.
Passionné de littérature, il s’adonne à des genres différents : deux essais philosophiques (Au soir de la pensée et Démosthène), un ouvrage historique (Grandeur et misère d’une victoire) et une biographie, celle de son ami Claude Monet (Claude Monet - Les Nymphéas).
Il entretient une correspondance importante, notamment avec Claude Monet et Marguerite Baldensperger.
C’est aussi de cette pièce que Clemenceau aime regarder la mer et son jardin : il fait surélever son lit afin d’y contempler la vue extérieure !
Dès 1921, Georges Clemenceau fait ajouter à l’ouest de la maison d’origine un espace indépendant du reste : le kiosque et le salon d’été.
Les invités, dont des personnalités politiques et des journalistes, ne sont pas conviés à pénétrer dans les autres pièces de « la Bicoque ».
Ce kiosque, que Clemenceau surnomme « Trianon de bruyère », est un abri fait de fagots. Il prolonge le salon et offre une vue sur le jardin et la mer. Les invités y sont conviés à prendre le thé à la manière des rituels japonais.
Le salon d’été est composé d’une grande part du mobilier que le Tigre avait rapporté de sa maison de Bernouville dans l’Eure, de son appartement parisien et de ses nombreux voyages : des fauteuils aux styles variés, quelques tables et des secrétaires, des vases et des estampes japonaises, deux reproductions en bronze d’Hercule, des gravures de célèbres vues de Venise inspirées de dessins de Canaletto, ou encore des reproductions photographiques de paysages de Jean-Honoré Fragonard.
Georges Clemenceau, précurseur de « Silence, ça pousse » !
Dès 1920, Georges Clemenceau conçoit et réalise le jardin sur la dune, composé d'une terrasse fleurie devant la maison avec vue sur l’océan, d’un parterre de fusains dorés et d’un autre de roses à l’arrière de la maison. Pari réussi malgré les doutes de ses amis pépiniéristes comme Henri De Vilmorin, qui pratiquera une analyse du sol, et de son ami Claude Monet.
Il achètera en grande quantité pour anticiper les pertes, et tous les printemps il « répare » son jardin. Georges Clemenceau souhaite celui-ci libre et sans contrainte. Il refuse les formes et la géométrie des jardins, conformes à ceux souhaités par l’aristocratie et la bourgeoisie politique et financière de l’époque.
Le jardin est divisé en quatre parties :