Georges Clemenceau, le grand voyageur

Qu’ils soient professionnels ou privés, les voyages sont pour Clemenceau une véritable fenêtre sur le monde. À Paris comme en Vendée, atlas et guides de voyages s’entassent sur les étagères de sa bibliothèque. Son insatiable curiosité l’entraine dans un tourbillon de voyages, le menant même jusqu’au bout de l’Asie.

En 1865, alors rebelle à l’Empire, il décide de partir en Angleterre puis aux États-Unis. Observateur attentif du monde anglo-saxon qui l’entoure, il n’hésite pas à retourner aux États-Unis en 1922, afin de défendre la France. « Je ne dirais pas aux Américains ce qu’ils doivent faire. Ils aiment la vérité. Je la leur donnerai. Je connais les Américains. Je les aime beaucoup (..) ». Il conserve par la suite avec ces deux pays des rapports familiaux, intellectuels et politiques privilégiés.

Le doigt pointé sur une carte, Clemenceau traverse la France et l’Europe.
Initié à la civilisation grecque par son père, il nourrit à son égard une passion sans limites. Elle devient sa référence favorite durant toute sa vie publique. En 1896, c’est un premier voyage qu’il veut partager avec Claude Monet : « Dans huit jours, je pars pour la Grèce. Voulez-vous venir avec moi regarder le Parthénon ? (..) Venez, venez. ».

En 1904, projetant de se rendre sur le site archéologique de Délos, il propose ses services à l’archéologue responsable des fouilles : « Et puis dites donc à M. Holleaux de faire de nouveaux plans de fouilles et rappelez-lui que je suis tout à sa disposition pour lui donner un coup de main ». Chère à son cœur, la Grèce s’invite jusque dans sa retraite vendéenne : le hibou d’Athéna est gravé dans un médaillon sur la margelle du puit.

Son intérêt pour la Renaissance italienne le pousse à découvrir Venise, Florence et à s’émerveiller du travail de Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine (1895).

Au tournant de sa vie politique (1910), il s’embarque pour l’Amérique du sud pour une tournée de conférences sur la démocratie. « Gênes, 30 juin. Une heure de l’après-midi. La Régina Elena est à quai. (..) La sirène a lancé pour la dernière fois son hurlement autoritaire. (..) Nous sommes partis. Adieu ». Au travers de ses notes de voyages, publiées par L’Illustration, le lecteur lui emboite le pas dans sa visite de Rio de Janeiro, du jardin botanique de Buenos Aires ou du port de la ville de Montevideo.