Incontournable
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Contemplez les estampes japonaises dans cette seconde chambre d'amis de la maison de Georges Clemenceau.
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Audio (4,67 MB)
Voix 1 : Ici, sur le mur de droite !
Voix 2 : Voyez, nous sommes deux très délicates estampes japonaises. Nous conjuguons courbes légères et angles raffinés, dans des tons pastels de bleus et de blancs apaisants. Nos noms ?
Voix 1 : Courtisane sur la véranda… Une jeune femme à la silhouette fluette est drapée dans un kimono. Elle est debout sur une véranda. Devant elle, une pipe est posée sur une souche. Dans son dos, à travers une cloison translucide, les ombres chinoises d'invités attablés se distinguent.
Voix 2 : Jeunes femmes sur une terrasse au bord de l'eau. Ici deux jeunes femmes dos à dos : l'une dépasse l'autre de deux têtes. Le regard dans la même direction, elles contemplent une étendue d'eau survolée par cinq oiseaux. Au large, un relief montagneux referme le plan.
Voix 1 : Nous sommes toutes deux des oeuvres de Suzuki Harunobu, un peintre japonais du 18e siècle. Nous sommes un témoignage de la fascination de Georges pour le Japon et le japonisme.
Voix 2 : Comme Claude Monet, soit dit en passant !
Voix 1 : A défaut de n'être jamais allé au Japon, Georges s'est entouré d'oeuvres d'art japonaises. Il y en a dans toute la maison.
Voix 2 : Cette deuxième chambre d'amis, jumelle de la première, a abrité la très tendre amie de Georges Clemenceau, Marguerite Baldensperger.
Voix 3 : Oh elle… reconnaissance éternelle !
Voix 2 : Mais, qui parle ?
Voix 3 : Moi, là, là, le représentant des porte-bouquets. Hum hum. Nous nous sommes fédérés, car nous aussi, nous sommes très nombreux dans cette maison. Accrochés au mur, comme des appliques, cornets simples, doubles ou triples, bouquetières en faïence ou en porcelaine, blancs ou colorés, nous ornons les pièces sans encombrer ni risquer de nous casser au passage. Et dans cette chambre, nous avons été particulièrement gâtés. Georges adore les fleurs. Au point qu'il transforme ce bout de dune, là devant, en un véritable jardin. Entre la bicoque et l'océan, sur ce sol de sable exposé aux intempéries ou aux embruns, il parvient notamment à faire pousser des roses ! Chaque matin, de bonne heure, il sort, et sécateur en main, coupe quelques tiges fraîches ici et là. Il en agrémente ensuite ses nombreux porte-bouquets. A partir de 1923, Marguerite séjourne ici régulièrement. Que de fleurs rassemblées par les mains de Georges sont alors arrangées !
Voix 2 : Au moins autant de fleurs qu'il y a eu de lettres ! Plus de 650 lettres entre 1923 et 1929.
Voix 3 : Marguerite a 40 ans et Georges 80 lorsqu'ils se rencontrent. Elle est éditrice chez Plon, et le sollicite pour écrire un livre pour la jeunesse. Marguerite est alors une femme dévastée : Annette, l'aînée de ses quatre enfants s'est suicidée un an auparavant, Geoges lui dit : « Je vous aiderai à vivre, Marguerite, et vous, vous m'aiderez à mourir. »
Voix 3 : Leur collaboration s'accorde autour d'un livre sur Démosthène, publié en 1926. Voici ce qu'il écrit : « Des plus hautes actions, comme des plus basses, il flotte un souvenir confus qui permet trop souvent de défigurer les vies passées pour les adapter aux agitations du présent. »
crédit : Centre des monuments nationaux
crédit Colombe Clier - Centre des monuments nationaux