Parcours sonore : le couloir bibliothèque

Voix 1, 2 et 3 : Nous sommes les ouvrages nécessaires aux travaux d'écriture de Georges. Et nous ne sommes pas là pour faire joli ! Même si à nous tous, nous formons un joli ensemble. Nous sommes 1500 ! Du sol au plafond, et au-dessus des portes aussi ! Pour moitié, nous sommes des livres d'histoire et de géographie. L'autre moitié, de la littérature, en français et en anglais, et de l'histoire naturelle. Car, même s'il reçoit, et beaucoup, même s'il cueille des fleurs, et beaucoup, la retraite qu'il mène ici est avant tout, une retraite studieuse.

Voix 1 : Il faut le dire.

Voix 2 : Oui, absolument, il faut le dire, Georges est un homme sérieux.

Voix 3 : Oui, absolument, il faut le dire, Georges est un homme sérieux et travailleur.

Voix 1, 2 et 3 : Georges aime l'ordre.

Voix 3 : Et les journées à Belébat sont très ritualisées.

Voix 2 : Il s'est d'ailleurs lui-même appelé « Le premier flic de France ».

Voix 2 : Est-ce que c'est parce que c'est lui qui a motorisé la police ? [Sur un air de ritournelle].

Voix 1 : À 19h, Clotilde, sert le dîner.

Voix 2 : 20h, extinction des feux.

Voix 3 : 23h, Albert, valet de chambre, le réveille, et Georges se met aux travaux d'écriture.

Voix 1 : 2h du mat', il lui apporte un thermos de soupe bouillante.

Voix 2 : 6h du mat', il sort au jardin cueillir des fleurs fraîches.

Voix 3 : Et enchaîne avec un petit déjeuner de soupe et de viande.

Voix 1 : Puis c'est le marché aux Sables d'Olonne.

Voix 3 : À moins qu'il ne sorte se promener sur la dune. Au retour, il s'assied sur le fauteuil près de la cheminée. Il regarde Clotilde et la pendule, Clotilde et la pendule, Clotilde et la pendule.. tic tac.

Voix 2 : Midi précises, Clotilde sert le déjeuner !

Voix 3 : Après une sieste, il reçoit ses invités au salon.

Voix 1 : Jusqu'au dîner.

Voix 2 : Et ainsi de suite… jour après jour. C'est dans cette atmosphère organisée, avec des repères horaires immuables, qu'il écrit ses derniers ouvrages. Georges est un homme politique, mais aussi un auteur !

Voix 3 : Démosthène, Paris, Plon collection « Nobles vies - Grandes oeuvres », 1926.

« Tous les peuples ont trouvé des sursauts de combativité aux heures douloureuses des grands conflits de leur histoire. Les émotivité guerrières appellent alors des jaillissements d'héroïsme dont on a fait le tissu des annales de la vie publique, au détriment des efforts continus qui sont la trame obscure des développements de la paix. »

Voix 1 : Au soir de la pensée, Paris, Plon, 1927.

« Qu'est-ce donc qu'avoir vécu ? Qu'est-ce donc que vivre et mourir ? Qu'est-ce que naître d'abord ? La naissance ? Une continuation. La continuation d'un tumulte ordonné d'énergies en perpétuel devenir. Vivre ? La sensation d'une imaginaire fixité dans l'insaisissable révolution de cette éternelle Roue des choses, dont l'Inde n'eut la vision que pour l'irrésistible tentation de s'en affranchir.»

Voix 2 : Claude Monet : les Nymphéas, Paris, Plon, 1928.

« J'ai souvent raconté comment, un jour, j'avais trouvé Monet devant un champ de coquelicots, avec quatre chevalets sur lesquels, tour à tour, il donnait vivement de la brosse à mesure que changeait l'éclairage avec la marche du soleil. Dès la jeunesse, nous avions eu les murailles blanches de Vétheuil, se réfléchissant, à travers le brouillard, dans les brumes du fleuve et mêlant l'air, la terre et l'eau en des gammes de reflets que nous retrouverons quarante ans plus tard, plus savantes, sinon plus géniales, dans le spectacle des Nymphéas. C'est l'entrée en scène des développements, des achèvements d'éclairage que vont manifester tour à tour les meules, les peupliers, les cathédrales, la Tamise aux heures changeantes où se joue la diversité des drames de la lumière sous l'embrasement du soleil. »